Depuis quelques mois, je me suis glissée à nouveau dans mes lignes dorées qui m’embarquent dans mes fantasmatiques graphiques au goût de Japonisme.

Dans un premier temps, mes recherches ont été animées par une volonté d’harmoniser mes petits et grands formats sur les techniques que j’utilise.

En effet, selon le format de mon dessin, je ne pouvais utiliser le même doré avec la plume, le crayon, le pinceau, selon si je voulais faire un aplat ou une ligne plus ou moins longue ou épaisse.
De même pour le support, j’utilisais le papier noir pour les petits formats, le support que je préfère et j’étais passée sur la toile pour les grands formats.
Cela m’obligeait à couper la respiration de la toile par un aplat de peinture noire, qui ne me convenait pas dans l’idée d’être en contact avec la matière papier.
Je suis donc partie à la recherche de mon doré et de mon papier noir grand format, pour cette saison 2.
Après avoir essayé la feuille d’or, que j’aime beaucoup mais ce projet sera pour une prochaine saison, j’ai trouvé la peinture que je peux utiliser avec mes différents outils, la peinture à alcool Molotow, elle a bien des qualités et fait surtout un beau doré et est très stable.
Pour le papier, mon choix a été guidé par une circonstance sympathique. La Fabrique de Thé, une des supers boutiques de La Croix-Rousse à Lyon, m’a proposé de faire le fourreau de sa boîte découverte de Noël, avec mon dessin black and gold. Nous avons choisi de faire imprimer ce fourreau par un sérigraphe du quartier, Olivier Bral, et de les faire imprimer sur un papier noir que j’utiliserai aussi pour mes originaux qui seront exposés à la Fabrique de thé, en cette fin d’année. C’est ainsi que le Sirio Ultra Black de chez Fédrigoni est apparu sous mon doré !
Commença alors la recherche de composition, déjà abordée en saison 1, et cette histoire commence toujours par un cercle. Etant graphiste de métier et aimant la culture japonaise, je ne pouvais pas être insensible aux Kamon, emblèmes familiaux japonais, qui sont composés pour la plupart sur la base d’un cercle. Je trace cette forme parfaite dès le début, elle délimite l’espace et accueille le dessin. Le sujet est emprunté à un nombre restreint de symboles forts Japonais, et connus de tous : Le héron et la grue, La carpe Koï, le lotus, Le Lys, la glycine, la fleur de cerisier.
La recherche graphique sur papier noir est vraiment différente de celle effectuée sur papier clair. Nous ne commençons pas sur une feuille vierge mais pleine, et le doré que je poserai fera ressortir la lumière comme une bougie dans l’obscurité. Comme le doré sur noir des laques délicatement éclairées.
Je recherche un graphisme épuré, équilibré, tout en gardant une ligne régulière tel un filament de lumière allant d’une ligne à l’autre. Je suis attentive à m’éloigner le plus possible du côté narratif pour être juste en contemplation, en captation d’un instant précieux et fragile, qui peux disparaitre. C’est pour cela que je ne fais pas de symétrie, pourtant utilisée pour les Kamon qui pour le coup, eux sont censés inspirer la confiance, stabilité et force. La symbolique suffit à elle même, si je rajoute la symétrie, on perd le sentiment de fragilité de l’instant.
Je vous en dirai bientôt plus sur le vernissage du 25 novembre à la Fabrique de Thé !
(A ce jour, mes nouveaux dessins ne sont visibles en partie que sur Instagram.)
Photo Camille Uliana